Bonjour,
 
Je m’appelle Thomas, j’ai 34 ans, je vais vous raconter mon premier pèlerinage à Lourdes.
 
Je suis venu grâce à ma femme Jane-Lise. Elle y vient depuis de nombreuses années. Malgré des tâches qui me semblent très difficiles elle y trouve chaque année de grands moments de bonheur.  Même si tout ce que me disait Jane-Lise était positif, j’ai eu beaucoup de mal à accepter de venir. J’avais une grosse appréhension de ce monde inconnu pour moi. Je ne suis pas dans mon élément avec les personnes âgés et je suis très gêné avec les gens malades. Les rares fois où j’en rencontre je ne sais pas comment me comporter avec eux. De plus, je ne suis pas à l’aise avec le monde religieux.
 
Pour ce pèlerinage j’ai été affecté en chambre. Mon rôle principal était était d’aider les hospitalières en chambre à déplacer les malades handicapés pour qu’elles puissent faire leur toilette (les tourner, les amener aux toilettes, les aider à les habiller, ..). Les malades dont je me suis occupé avaient de lourds handicaps. J’ai ainsi appris à me servir d’un lève-personne. Mon autre rôle, comme tout autre hospitalier, était de brancarder les malades pour les amener à la messe, à leur repas ou à tout autre endroit à Lourdes. Enfin, ma dernière tâche était de toujours faire sentir ma bienveillance à leur égard par des sourires, des paroles gentilles ou en discutant avec eux.
 
Je me suis retrouvé dès le début du pèlerinage face à ce ce que je redoutais le plus : la nudité. J’avais dit à ma femme que je n’étais pas prêt à être confronté à la nudité, ce qu’elle comprenait. Pourtant, dès le premier jour un pèlerin lourdement handicapé et corpulent s’est retrouvé coincé dans les toilettes. Il n’y avait pas de place pour un lève-personne. Avec l’aide d’un autre hospitalier nous l’avons sorti en le soulevant difficilement. A partir de ce moment là la nudité ne m’a plus posé de problème. Avec cette appréhension en moins j’ai pu réalisé toutes les tâches qui m’étaient confiées. Les autres hospitaliers m’expliquaient les différentes techniques et je les reproduisais en ayant le sentiment de m’améliorer de jour en jour. Je me suis vraiment senti très utile en chambre. La brancardage s’est aussi très bien passé car tout était très bien organisé par l’équipe de jeunes. Il n’y avait qu’à suivre le mouvement. Ne connaissant pas Lourdes j’ai ressenti dans le sanctuaire une énergie positive que je n’avais encore jamais rencontré ailleurs. Voir tous ces gens de pays différents partager la même chose est quelque chose de très beau. Par contre malgré cela je n’ai pas réussi à me sentir à l’aise, que ce soit lors des différentes messes ou à l’extérieur dans le sanctuaire. Je ne peux pas expliquer cette gêne du monde religieux que j’avais aussi avant de venir. Ces quatre jours ont donc été un peu long alors que je me sentais bien dans l’accueil Notre Dame, la résidence des pèlerins.  
 
Une chose m’a particulièrement marqué pendant ces quatre jours, cela concerne les jeunes. C’est magnifique de voir des adolescents communiquer quotidiennement avec des personnes âgées et malades. Je ne pensais pas voir cela un jour. Cette expérience va leur inculquer à jamais les notions de respect et de tolérance. Ces jeunes vont faire un grand bien aux collèges et lycées dans lesquels ils seront, en apportant à leurs camarades cette ouverture d’esprit  
 
 
Je me suis rendu également compte à quelle point une religion pouvait faire des choses bien en donnant du bonheur à des gens qui en ont besoin. Dans mon entourage certaines personnes critiquent les religions (chrétiennes et autres). Je ne manquerai pas de partager cette expérience avec eux.
 
J’ai pu partager ce que vis ma femme depuis des années et j’en suis très heureux. Mon regard a complètement changé sur les personnes malades. Malgré leur handicap je les vois désormais comme des gens normaux, y compris celles qui ne peuvent communiquer que par des regards. J’ai été surpris pendant ces quatres jours de ne jamais me demander comment était arrivé leur handicap, je me contentais de communiquer avec eux comme je le ferais avec n’importe qui. Aucune sentiment de pitié ne m’a traversé l’esprit, ce qui m’a aussi beaucoup surpris de ma part.
 
J’ai sans doute été l’hospitalier le mieux briefé pour ce pèlerinage. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir sa femme, sa belle-soeur, sa belle-mère et son beau-père pour lui expliquer comme ca va se passer ! La réunion quelques semaine avant le pèlerinage était aussi très aidante. J’ai ainsi eu une bonne vision du sanctuaire et de l’accueil des pèlerins. Les différents hospitaliers et hospitalières en chambre avec qui j’ai travaillé en chambre m’ont tous bien aidés, formés et conseillés.  J’ai cherché des points à améliorer pour les nouveaux mais je n’en ai pas trouvé, continuez comme ca !

Thomas Le 30/10/18 à Toulouse